Rétro avec le Ranger le plus ancien : Je suis l'héritage de mon père !
- Communication
- 31 mars
- 3 min de lecture
M. Kishimba Mujinga Sebastien est le ranger le plus ancien du Parc National de l'Upemba. Il a répondu à l'appel en 1982 après avoir abandonné l'école pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est le fils aîné de Kishimba Nyombo Albert, qui a également servi à l'Upemba jusqu'à son décès en 2000. « C'est une bibliothèque vivante de cet endroit », ont commenté certains de ses collègues lors d'une nuit sous la lune au camp de Lusinga. Zebra s'est entretenu avec M. Mujinga, également appelé "Chef de Terre", qui a vu l'Upemba évoluer à travers différentes époques au cours de ses 41 années de service.
À l'aube de sa retraite, nous revisitons son interview.

Zebra : Commençons par le début. Comment êtes-vous arrivé à l'Upemba ?
Sebastien : Je ne suis pas arrivé ici ; je suis né ici. Je suis né au poste de Kaloi le mercredi 19 mars 1960, à 9 heures du matin. J'ai passé mon enfance ici dans le parc, sauf pour les périodes où je devais aller à l'école à Kasungeshi, Sampwe et Kilwa. J'ai fait mon école primaire et une partie du secondaire à Kasungeshi avant d'aller à Sampwe, puis je suis revenu.
Zebra : Qu'avez-vous spécifiquement étudié ?
Sebastien : J'ai fait la pédagogie, donc je suis enseignant de formation.
Zebra : Avez-vous été tenté de poursuivre une carrière dans l'enseignement ?
Sebastien : Pas du tout. Je n'ai jamais été tenté car je me sentais appelé à protéger notre patrimoine, ce parc. C'était une vocation que j'ai acceptée, et nous y sommes. Étant l'aîné, mon père souhaitait que je suive ses traces. Il me disait souvent qu'après mes études, je devais revenir et lui succéder au parc. Je suis son héritage pour le Parc National de l'Upemba, tout comme le parc est mon héritage.
Zebra : Si je comprends bien, après vos études, vous êtes revenu et avez rejoint les rangers ?
Sebastien : Je n'ai pas terminé mes études. Mon père était malade, j'ai été rappelé au parc. Dieu merci, il a survécu et est décédé plus tard en 2000. J'ai travaillé avec lui, nous partions en patrouille ensemble. Il nous a formés, et je crois qu'il a été le meilleur que ce parc ait jamais eu.

Zebra : Quand vous êtes devenu ranger en 1982, comment était l'Upemba à cette époque ?
Sebastien : L'Upemba était incroyable à l'époque. Il y avait beaucoup d'animaux, et la gestion était bien faite. Il n'y avait pas de partenaires, et l'État s'occupait de tout. Je me souviens que des taxes spéciales étaient collectées pour aider à payer nos salaires, et le reste des fonds était envoyé à la Direction Générale à Kinshasa. Les parcs nationaux étaient gérés sous l'œil vigilant de la Présidence, via l'ICCN, ce qui facilitait le bon fonctionnement des opérations.
Zebra : Pour vous, quels ont été certains des moments les plus importants ici au parc ?
Sebastien : Personnellement, j'ai été un bon patrouilleur. Lors de mes évaluations, j'ai toujours reçu la mention "élite" ou "très bien", grâce à la formation et à l'expérience acquises avec mon père. J'excellais jusqu'à ce qu'on me confie le rôle de garde du conservateur, une fonction que j'ai occupée pendant six ans. Ensuite, j'ai été sélectionné pour suivre une formation avec l'armée nationale, les Forces Armées Zaïroises, à Mitwaba pendant deux mois. J'ai aussi participé à plusieurs opérations avec les forces armées nationales lorsque les groupes Mai-Mai étaient trop nombreux dans le secteur sud du parc. Tous ces moments ont fait de moi un meilleur ranger.
Zebra : Quel est votre plus grand souhait pour le parc ?
Sebastien : Les choses s'améliorent et j'espère que nous irons encore plus loin. Le soutien de nos partenaires nous donne de l'espoir, et nous voyons des changements se produire progressivement. J'ai hâte de voir la compétence être récompensée, ce qui n'était pas le cas depuis quelques années. Le nouveau Directeur et le Gestionnaire de Site nous ont fait croire en cette possibilité, et je suis patient de voir jusqu'où cela nous mènera.
Zebra : Quel est votre message aux rangers du monde entier ?
Sebastien : Je voudrais qu'ils gardent courage et qu'ils croient en notre noble mission. Je crois que pour l'Upemba, l'ancien récit n'est plus le même que le nouveau. La réalité actuelle est meilleure car les choses doivent changer, et elles changent. Du travail est accompli ici, et le changement se déploie lentement mais sûrement.

Images: Antonio Longangi - Communication PNU
Concept Zebra : Communication PNU
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